Rose et Titi...

   Je suis certaine que nous avons tous dans la tête le souvenir de vacances ensoleillés. Elles se rappellent à nous les jours un peu gris et nous ramènent loin en arrière, à notre enfance, à la fois si proche et si lointaine. Moi, ces parenthèses dorées, elles se déroulaient au camping de La Pommeraie à la pointe de Trévignon. Si vous souhaitez retrouver mon coin de paradis sur une carte, cherchez du côté de Trégunc dans le Finistère-Sud. Rien que d'écrire ce mot, Trévignon, je me revois claquettes aux pieds, empruntant le sentier qui mène à la plage de Kersidan...

   Rose, petite Parisienne, passait ses mois de juillet, dans les années 80 dans la maison de Papy et Mamie, à Villerude-sur-Mer, une petite station balnéaire de Vendée. De ses cinq à ses dix ans, elle y retrouvait Titi, petit garçon du cru, son amoureux des vacances. Ils formaient un duo inséparable, la rousse aux boucles folles, le brun aux inventions farfelues. Avec des objets de récupération, il fabriquait des objets qu'ils appelaient "les pouvoirs", "des mécaniques étranges remplies de rêve".

   Quand démarre l'histoire, Rose est devenue la violoncelliste principale du Hong Kong Philarmonic Orchestra alors qu'Antoine est resté au village où ses talents de bricoleurs de génie lui valent au mieux des contrats courts dans des garages locaux. Rien ne paraît propice à leurs retrouvailles et pourtant, Antoine croit la reconnaître parmi le maigre public du cinéma "Le Paradis". Le lieu, qui a connu son heure de gloire, n'ouvre plus maintenant que le dimanche et c'est Camille, un vieux monsieur, qui est chargé de projeter des classiques du cinéma français. Le jour où Titi retrouve Rose, il est venu réparer le projecteur afin que les spectateurs puissent suivre jusqu'à la fin "Quai des brumes".

   Il la reconnaît, mais elle ne semble pas voir que derrière le visage d'adulte d'Antoine se cachent les traits d'un garçonnet surnommé Titi. Rose ne voit rien d'ailleurs, elle est venue se réfugier dans la maison de son enfance et se tient à l'écart des villageois. Elle a tout quitté : son agent et amant, ses concerts, Hong Kong. La musique s'est envolée, elle joue divinement bien mais ce n'est plus que de la virtuosité.

   Un soir de tempête, Camille, le projectionniste, meurt et c'est à Antoine que revient la mission d'insuffler encore un peu de vie au Paradis le dimanche après-midi. Il adopte aussi, bien malgré lui, le fox-terrier du vieil homme, une boule de poils qui répond au nom de Personne. Beaucoup de responsabilités pour un homme qui fuit tous les engagements ! Depuis un jour de juillet, l'année de ses onze ans, où son "Je t'aime" a été rejeté, il ne s'essaie plus aux relations durables, aux situations fixes par peur d'être déçu.

   Camille, pourtant bel et bien enterré au cimetière du village, revient hanté le cinéma . Son statut de fantôme lui pose quelques problèmes. Il n'a pas de mode d'emploi du parfait revenant et ignore la raison de ce "retour" inattendu sur Terre. Est-il là pour préserver le Paradis qu'un promoteur immobilier veut détruire ? Sa mission est-elle de servir de "coach" affectif (pas très doué en la matière) pour un Antoine trop timoré qui n'ose pas parler à Rose ? Doit-il subir des épreuves avant de pouvoir rejoindre son épouse Odette, décédée dix ans auparavant ?

   Le roman de Caroline Vermalle a beaucoup de charme, les gentils sont certes gentils et les méchants vraiment méchants, la fin est presque trop belle pour être réaliste. Qu'importe ! Les personnages principaux sont attachants, le chien est "craquounet" et l'auteure fait souffler un vent d'optimisme qui permet aux lecteurs de respirer de grandes bouffées d'air salé où flottent des parfums de nostalgie et de bonheur.

   Merci aux éditions Belfond pour ce joli moment de lecture !

Comments

[Albertine22]

On est bien d'accord !

[Noukette]

Un roman-doudou, ça ne fait jamais de mal ;-)

[Lorence]

Un livre qui fait du bien, à noter donc.

[Syl.]

C'est si bien raconté ! que je me vois bien aimer ce livre...

L'image de la petite fille qui va à la plage avec ses claquettes, je la connais ! et je sens aussi la chaleur du sable qui monte aux chevilles.

[laurielit]

Je note, lecture qui semble parfaite pour offrir à Noel ;-) pour un peu d’optimisme et de douceur qui fera pas de mal par les temps qui courent ;-) merciiiiiii