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Les battements de mon coeur
26 février 2016

Les montagnes russes...

Source: Externe

   La lecture de ce roman s'apparente vraiment aux montagnes russes, j'ai adoré certains passages et d'autres m'ont agacée ou énervée.

   La couverture que je trouve merveilleuse nous montre une vieille dame au corps et au visage transformés par le temps mais belle dans sa robe fleurie et dans son abandon gourmand à la caresse du soleil. L'héroïne ne ressemble pas à cette femme. Judith Hogen, toute nouvelle septuagénaire new-yorkaise, ancienne comédienne de théâtre, vit difficilement son veuvage et n'a pas la vitalité et l'excentricité de Janet Shebabi, sa pétillante voisine. Au début de l'histoire, elle doit aller récupérer celle-ci au commissariat pour le vol de cinq boîtes de crème de marron. Janet explique son geste par l'adrénaline généré par le risque et la sensation alors de se sentir vivante.

   Judith s'interroge beaucoup sur le "statut" réservé aux personnes âgées, trop souvent infantilisées à son goût.Elle nous raconte avec un humour grinçant une excursion de deux jours à laquelle sa voisine l'a convaincue de l'accompagner. Un car rempli de "vieux" en tenues confort, une guide qui les traite comme des ados en colo et point d'orgue, la visite d'une usine de glaces où le "troupeau" est invité à s'extasier et à consommer. Elle a la dent dure envers ses congénaires et lutte pour ne pas être fondue dans la masse des "Damart". Elle s'efforce à tout prix d'échapper à la malédiction de l'âge qui semble rendre transparents les anciens, plus personne ne les regarde vraiment, plus personne ne s'intéresse à eux et ne les considère comme des humains encore sensibles aux émotions.

   Un soir, allongée sur son canapé, sa main heurte quelque chose : un livre. Il s'agit de "Voyage au bout de la nuit" de Céline, un roman que Herb, son défunt mari semble lui avoir laissé comme ultime conseil car elle trouve à l'intérieur une photo. Cette photo est un portrait de son frère, prise cinquante ans plus tôt, ce frère qu'elle s'est jurée de bannir de son existence, de même que sa mère et sa terre natale la France depuis 1968 et sa fuite pour les Etats-Unis. Judith les a laissés derrière elle, incapable de leur pardonner leur attitude l'année de ses 17 ans quand elle s'est affranchie, par amour, des préjugés de la société.

   L'heure serait-elle au pardon, à la réconciliation ? Elle va entreprendre un voyage dans le temps et dans l'espace. Revenir sur les lieux du "crime" et voir s'il subsiste quelque chose de son extraordinaire complicité avec son frère. Judith "l'Américaine de coeur" prend son billet pour la France  et se met en quête de sa famille quittée il y a si longtemps...

   J'ai été emballée par le début du roman, le duo Judith/Janet pétille et les réflexions sur la vieillesse, si elles sont souvent tristes, ne tombent pas dans le cliché. Petit à petit, Judith m'a agacée à toujours loger les "vieux" à la même enseigne, comme si elle et Janet étaient les seules à entrer en résistance. Elle porte sur eux un jugement semblable à celui qu'elle reproche aux plus jeunes. Elle ne les envisage plus dans leur singularité mais les met tous dans le même panier.

   Le voyage en France, son arrivée à Grasse où réside son frère, s'étirent en longueur. Elle fait la connaissance de sa nièce qui finit par lui avouer que son père a disparu. Judith va donc patienter dans le petit studio qu'elle a loué et si les journées lui semblent longues, c'est le même sentiment pour le lecteur. De plus, j'ai trouvé cette péripérie, la disparition, un peu facile, voire artificielle. Symbolise-t-elle l'impossibilité de renouer avec le passé, de réparer les blessures anciennes ? J'aurais préféré que Judith soit confrontée à son frère.

   Le style aussi m'a déconcertée. Certaines phrases, certaines pages m'ont touchée au coeur par leur justesse, par une utilisation des mots d'une grande intelligence. A d'autres moments, je me suis énervée devant des tournures "précieuses", des subjonctifs "m'as-tu vu" qui ne semblaient avoir comme raison d'être que de montrer la parfaite maîtrise de langage de l'auteure.

Au final, un livre intéressant, inégal selon moi, mais qui mérite amplement le détour.

 

Source: Externe

 

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Commentaires
A
Je compte bien emprunter ce dernier à la médiathèque. J'ai du mal avec les "démonstrations" de style qui tournent un peu à vide.
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K
Je viens de lire "l'ardeur des pierres" et là aussi, le style m'a un peu agacée par moments, malgré globalement, un sentiment positif. Je lirai celui-ci à l'occasion...
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A
Et oui, c'était moi mais ma fille aînée, étudiante sur Brest, peut le ramener à la librairie si tu souhaites le lire.
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C
Je voulais le réserver à Dialogues Croisés et il était pris... c'est donc toi !!! Vu ton avis, ce n'est pas si grave:)
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K
J'avais aimé(beaucoup beaucoup) un quinze aout à Paris, alors je peux donner sa chance à ce roman!!!
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