Ce roman, ma dernière lecture du mois d'octobre aura été un vrai plaisir. Tout est souvent affaire de timing. J'aspirais à me poser et cette histoire, s'étirant le long d'un été caniculaire correspondait à mon besoin de ralentir le rythme. Les descriptions y sont nombreuses, parfois assez anodines. J'y ai vu matière à une lecture tranquille. J'ai pris le temps de savourer certains paragraphes comme on peut s'attarder à contempler un tableau.
Eté 1976 dans une paisible bourgade anglaise, l'avenue où vivent Grace et Tilly, deux fillettes d'une dizaine d'années sombre dans la torpeur. Les vacances des demoiselles risquent d'être particulièrement ennuyeuses. La disparition de Mrs Creasy, aussi soudaine que mystérieuse, les transforme en enquêtrices aux méthodes assez peu conventionnelles. Elles partent d'une phrase du pasteur sur Dieu qui veille sur toutes ses brebis. Donc, Lui, dans son ominiscience, sait où se trouve la disparue. Grace et Tillie entreprennent alors de trouver Dieu afin qu'il leur indique, d'une manière ou d'une autre, la localisation de Mrs Creasy. ( une sorte de GPS à l'ancienne !) D'une logique imparable, ce plan se met en place au niveau de leur avenue En effet, il est difficile sans moyen de transport de mener des investigations dans des zones lointaines. Elles décident d'explorer, méthodiquement, maison après maison, leur rue afin de dénicher Dieu. C'est l'occasion pour l'auteur de nous présenter les habitants, aussi bien leur logis que les interactions entre voisins. Très vite, le lecteur se rend compte que la disparition de Mrs Creasy s'apparente peut-être à une fuite. Il semblerait qu'elle ait réussi, en se liant d'amitié avec nombre de personnes à mettre au jour un secret gênant pour la petite communauté. Neuf ans plus tôt, un bébé aurait été kidnappé et les soupçons se sont portés sur le résident du numéro 11, bouc émissaire facile. Blanchi par la justice, ses voisins, forts de leur conviction intime, auraient commis l'irréparable.
Joanna Cannon nous dépeint de façon minutieuse cette micro-société, chaque maison abritant des "familles" plus ou moins classiques. "L'enquête " lui permet surtout de creuser sous la surface, d'aller au-delà des apparences. Les adultes, dans leur ensemble, n'en sortent pas grandis. Leur vie, faite de rêves avortés, de petites mesquineries, de drames soigneusement étouffés, supporte difficilement d'être mise en pleine lumière. Certains de leurs traits de caractère prêtent à sourire, certaines situations sont même franchement drôles. Il n'empêche qu'on pressent une fin où la vérité éclatera, révélant l'ambivalence de tout être humain et la force des préjugés.
Une lecture plaisante, une écriture au scalpel teintée d'ironie
Lu en numérique via Netgalley